Le Général Moreau (1763-1813)

— 9 —

profiter complètement de la victoire. C'était tout ce qu'on pouvait demander.

Nous nous permettrons quelques réserves seulement sur son rôle à la Trebbia. Avant cette bataille, il eut, nous le répétons, le tort grave de ne pas aller diriger en personne l'armée de Naples. Peut-être,une fois l’action engagée, pécha-t-il par un excès de prudente lenteur. Cependant, on n’a pas prouvé qu’il jui fût possible d'agir plus vite. Ecartons, si l'on veut, comme peu fondée, l'accusation de jalousie entre lui et Macdonald. Une chose certaine, c’est que finalement les troupes de son collègue furent sauvées, grâce à son concours, d'une destruction complète.

Au-dessus de tout éloge est, de l’aveu unanime, la belle retraite accomplie, entre les combats de Cassano et de la Trebbia, derrière le P6 d’abord, puis vers l’Apennin, par vingt mille soldats plusieurs fois battus, en butte à l'hostilité des populations, suivis de quatre-vingt-dix mille vainqueurs prêts à les anéantir. Jamais général, plus que Moreau, en ces terribles conjonctures, ne déploya de