Le Général Moreau (1763-1813)

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Pas tout de suite cependant. Pour le coup d'Etat du 18 Brumaire, il se laissa facilement gagner aux caresses et aux séductions de Bonaparte. Comme tant d’autres il subit alors l'ascendant d'un génie supérieur. Pouvait-il en être différemment ? D'où lui seraient venus des motifs d'opposition ? Les patriotes, contre qui se faisait la révolution, lui témoignaient de l'hostilité, le suspectaient depuis longtemps. Siéyès et les modérés, les fauteurs et les complices de cette même révolution, le favorisaient, s'étaient adressés à lui avant de se tourner vers le vainqueur d'Italie et d'Égypte. Tous les généraux, presque tous, s'attachaient d’ailleurs à la fortune de ce dernier. Seuls parmi les illustres boudaient Bernadotte par jalousie, Jourdan et Augereau par jacobinisme.

Moreau connut un des premiersles projets de Bonaparte ; sans trop s'avancer, ilseconda néanmoins les préparatifs des conspirateurs. Lucien Bonaparte l’atteste dans ses Mémoires(1).

(1) Iunc. — Mémoires de Lucien Bonaparte, t. I, p. 286.