Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE XVI.

Le Monténégro au point de vue militaire. — Temps anciens. — Tentative de réforme faite par Danilo er, — Organisation actuelle. — Le guerrier monténégrin.

Un adage monténégrin dit : « Prends mon fusil ou prends mon frère, c'est tout un. » Quel autre qu'un peuple chez lequel les instincts guerriers dominent tous les autres, eût pu caractériser mieux son attachement pour l'arme dont il est appelé à tout moment à se servir pour la défense du pays? Un vrai Monténégrin ne se soucie, en effet, ni de sa maison, ni de son champ, ni de son pécule ; il en fait sans regret le sacrifice, s'il peut encore serrer dans sa main la crosse de son fusil ; mais qu'un ordre du prince lui enlève ce symbole de sa valeur et de son devoir, c’est pour Jui la honte et le désespoir. Avec de pareils sentiments chez ses montfagnards, la Tsernagore ne saurait être qu'un camp toujours en éveil, où, de l'enfant jusqu'au vieillard , tout le monde est sol. dat : tel est aussi le spectacle que le Monténégro ne cessa d'offrir dans le cours de sa belliqueuse histoire. Mais jusqu'en 1853 aucun semblant d'organisation n'y exista parmi les combattants groupés à la hâte pour la défense de leurs foyers. Dès que l'ennemi menacait quelque point de la frontière, la nouvelle, portée rapidement à travers le pays par d’intrépides marcheurs ou répandue dans les montagnes par les cris des veilleurs, allait de pleme en pleme, de village en village, soulever tcus les gens va-

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