Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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lides qui, sans ordre, et n'ayant souci que de lutter de vitesse, s’élançaient vers le point où le danger était signalé. Chacun faisait alors en quelque sorte la guerre pour son compte; ou bien, si la réputation de quelque guerrier donnait dans son courage et ses capacités une confiance suffisante, on se réunissait sous sa conduite pour former un parti. Souvent les coreligionnaires de la Turquie, servant d’espions volontaires, faisaient connaître d'avance aux Monténégrins les projets de l'ennemi et les points menacés; ou bien ils indiquaient la direction prise par les détachements de troupes, les convois et les bagages, qu'il était alors facile de surprendre. Chaque montagnard emportait avec soi ses armes, sa nourriture, et tout ce qui lui était nécessaire pour la campagne qu'on entreprenait. La poudre seule lui était fournie par l'État, et souvent avec une parcimonie en rapport avee la pauvreté où l’on se trouvait.

S'il faut s’en rapporter aux indications données, peutêtre avec trop d’exactitude, par Mariano Bolizza, le Monténégro pouvait, au dix-septième siècle, mettre sur pied huit mille vingt-sept combattants, fournis par quatre-vingt-dix villages et trois mille cinq cent vingtquatre maisons. Mais dans ce nombre, huit cents seulement étaient armés de fusil, les autres ne portant que l’espadon, le bouclier et la lance !. Dans cette armée irrégulière, formée de fractions plus ou moins importantes et indépendantes les unes des autres, n'ayant en outre d’aëtion collective que sous l'autorité du vladika, chaque

1 La prima parte principale, che e Montenegro, contiene in se villaggi 90, fanno case 3,524 et gente armata 8,027.

Fra quali vi possono essere ottocento archebuggieri, il resto spada, targa e giavarina, e sono fulti di rito greco. (Maniaxo Bouzza, loc. cit.)