Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 465

les fois que le trône et la patrie l'appelleraient à combattre l'étranger.

Cependant Cattaro n'était plus qu'un camp où arrivaient et d'où partaient incessamment des troupes. La concentration d'une aussi grande multitude amena une extrême cherté des vivres, à tel point que la viande avait sextuplé de valeur, et qu'un œuf se vendait jusqu’à vingt sous autrichiens (0 fr. 45). Une police secrète répan@ue partout ferma la bouche aux citoyens, effrayés de voir interpréter faussement les paroles les plus innocentes. Le général Wagner proclama en outre l'état de siége, nomma une cour martiale et défendit à toutes les embarcations privées la circulation dans les Bouches.

La première mesure à prendre était le ravitaillement du poste de Tserquitsa et de la forteresse de Dragai, entreprise difficile et pour laquelle on était loin d’avoir pris les mesures nécessaires. De Risano, d’où le mouvement devait s'opérer, partent deux chemins dont l’un, contournant la montagne, passe par Lédénitsé, tandis que l’autre, étroit et abrupte, va directement à Tserqgvitsa. Au point où, sur les hauteurs, se réunissent ces deux routes, s'élève comme un rempart naturel un rocher de 1,500 à 2,000 pieds, d’où les insurgés pouvaient écraser les Autrichiens. Aussi ces derniers, partant dès l'aube, le 7 octobre, durent tout d’abord assurer leur marche, en balayant avec le canon les crêtes occupées par les insurgés, puis ils s'avancèrent sur deux colonnes. La première, forte de douze cents hommes, sous le commandement du major d'Hormus, partit directement de Risano, et, après des efforts mouïs contre un ennemi qu'il fallait débusquer à chaque pas, réussit à atteindre Knéselats, à six kilomètres de distance. Les troupes harassées