Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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durent, pour comble de malheur, bivouaquer sous une pluie battante et glacée, et le lendemain repartir pour Tserquitsa, ayant leurs chaussures à demi-déchirées par les aspérités des rochers. À Tserquitsa on trouva dans le poste quelques soldats hongrois, s’attendant à chaque instant à être massacrés. Le caporal Orban qui les commandait, avait fait preuve de la plus grande fermeté. D'Hormus voyant dans quel état se trouvait sa colonne, ne put songer à aller plus loin et dut reprendre le chemin de Risano, laissant trois hommes aux mains des insurgés.

La seconde colonne, qui partit d'Oroavats sous le commandement du colonel Fischer, avait à gravir, par Stoppa, des rochers escarpés. Arrivée à Oublé à une heure de l'après-midi, elle fut attaquée le soir par les insurgés, contre lesquels on dirigea d'abord six cents hommes. Mais le colonel, se trouvant trop faible, fit demander immédiatement des secours. Le général Wagner qui arriva lui-même avec un bataillon et de l'artillerie, voyant alors la position très-compromise, donna Pordre de rétrograder vers Risano.

Dans ces premières affaires on put juger de la tactique des montagnards qui, embusqués derrière les rochers, tiraient à coup sûr à une distance de quatre ou cinq cents pas, surtout dans certains défilés où deux hommes de front pouvaient à peine passer. Les soldats autrichiens, impuissants à répondre à un ennemi invisible, ripostaient au hasard, quand apparaissait la rouge bordure d'un bonnet boccésien, et tombaient à leur tour frappés sans espoir de vengeance.

Le 11 octobre ces troupes rentrèrent à Cattaro, où le gouverneur fit publier deux ordres, en vertu desquels :