Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE DIX-HUITIÈME. 499
de navigation aux Ragusains sur la Danja et la Kriva Rjeka? L’étaient-iis davantage quand [van Tsernoïévit} fortifiait les frontières de ses États depuis Antivari jusqu'à l'Herzégovme, et mettait dans ses armes l'aigle à deux têtes, à deux couronnes trois fois dentelées? L'étaient-ils encore quand Vassili et Pierre 1e leur refusaient énergiquement le haraltj et se déclaraient solennellement indépendants? Enfin quelle portée accorderonsnous à cette déclaration d'Ali Pacha, répondant à une interpellation du comte de Buol, au congrès de Paris de 1856: : « La Porte regarde le Monténégro comme partie intégrante de l'Empire ottoman, el déclare toutefois qu'elle n’a pas l'intention de changer l'état de chose actuel. » Protestation dont le premier terme exprimait une affirmation gratuite, tandis que le second décelait un aveu complet d’impuissance , l'illustre grand vizir sachant mieux que personne que: « cet état de chose actuel » résumait en vérité toute l’histoire de la Montagne-Noire, c'est-à-dire cette complète indépendance à laquelle,la Porte ne pouvait ou n’osait sérieusement toucher*. 1 Séance du 26 mars.
2 Peu de temps après la publication des protocoles du congrès de Paris, Danilo ler adressa aux cabinets européens la note suivante, par laquelle il protestait contre les assertions d’Ali-Pacha : « Excellence, dans les conférences de Paris, en présence des plénipotentiaires des puissances. Ali-Pacha a avancé que la Porte considère le Monténégro comme une de ses provinces. Cette assertion est insoutenable. Les Monténégrins auraient bien plutôt le droit de prétendre à la moitié de l'AIbanie et à toute l'Herzégovine, puisque mes prédécesseurs , -princes indépendants du Monténégro, dues de Zenta, ont possédé autrefois ces territoires, tandis que les Tures n'ont jamais possédé le Monténégro.
« Je prie Votre Excellence de prendre acte de cette protestation.
« Tsettinjé, 19/31 mai 1856. « Daxiez P. NIEGOCHE. »