Le Monténégro
= À —
Le seul semblant d'armée permanente est la œarde de la maison princière et du service per-
sonnel du prince — soixante « perianicé » ou hommes d'élite: — puis quelques gendarmes
chargés de lordre public, huit où dix environ par endroit de quelque importance.
C'est bien peu, dira-t-on. Qu'importe, le Monténégro est bien gardé.
Lors de la visite du roi de Serbie à Cettigné, les assistants étrangers ont sincèrement admiré la fière tenue de l'armée monténégrine. C'était un spectacle magnifique que celui de ces soldats ou plutôt de ces montagnards, venus de tous les districts et dont le costume national est l'uniforme, portant le plaid, chaussés de guétres de paysans, le fusil en bandoulière, vrais partisans disciplinés, d'aspect martial et tout prêts pour la guerre. Les chefs de l'état-major sont superbes d'allure dans leurs justaucorps amarantes et leurs « grenj » d'un bleu d'acier aux chamarrures d'argent et d'or päle. Plus loin, des cavaliers maitrisaient à grand'peine leurs petits chevaux pleins de feu, indisciplinés et velus. Tandis que ces braves présentaient les armes au prince héritier — en inclinant leurs fusils de droite à gauche, — celui-ci leur adressait à haute voix le salut en usage dans l'armée serbe, salut dont l'énergique formule est pleine de poésie :