Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI 143

Fleury, président en la Cour du Parlement; il était assisté de Adrien Lefebvre-Damécourt, conseiller à la grand'chambre, de Lebreton, greffier, et de Mathieu-Louis de Mauperché, doyen des substituts du procureur général. Il résulte du procès-verbal de cette visite que Le Prévôt (âgé de 60 ans *) était entré le 45 mai à Charenton, par un ordre du roi du 7 mai, contre-signé le baron de Breteuil, et que le roi payait sa pension ?. C’est à la requête du prieur de Charenton que son transfert à Bicêtre fut ordonné. Le 3 octobre, Le Noir écrivait au baron de Breteuil que Le Prévôt avait toujours eu la tête exaltée, et que c'était un fanatique très dangereux. « Depuis qu'il est à Charenton, ajoute-t-il, il ne fait qu'y troubler la paix et l’ordre qu’on cherche à y établir. Le prieur qui craint, relativement à ses autres prisonniers, les effets des discours sèditieux qu'il ne cesse de tenir, demande qu'il soit retiré de sa maison. Il m'a remis plusieurs écrits de la main dudit sieur Le Prévôt qui prouvent sa méchanceté et son égarement. J'ai l'honneur de les remettre sous les yeux du ministre, pour qu'il puisse en juger par lui-même. Comme ce prisonnier est aux frais du Roi, qu’on ne lui connoît aucun parent, et que sa mauvaise conduite exige qu'il soit toujours retenu vigoureusement, j'estime qu’il est dans le cas d’être transféré à Bicêtre 3. » L'ordre de son transport fut obtenu le même jour, et le 8, Le Noir prévenait M. de Surbois, inspecteur de police chargé d’exécuter cet ordre, que Le Prévôt était « un homme violent et dangereux par les écrits et par les discours séditieux qu'il tenait, continuellement, contre le gouvernement, les magistrats et gens en place ; que l'intention du ministre étoit qu'il fût placé seul dans une chambre sûre, où il ne puisse avoir aucune communication intérieure ni extérieure, et qu'il fût surveillé avec beaucoup d'attention ; de prendre, en conséquence, toutes les précautions convenables, et rendre compte de tems en tems de sa conduite au magistrat. » Le 18, sa pension est fixée, par le baron de Breteuil, à deux cents livres par an *. Comme nous l'avons vu précédemment, Le Prévôt ne fut transféré que le 19 octobre 1784. C’est

4. Il n’avait pas encore cinquante-huit ans.

2. Arch. nat. X 2b. 1335. En marge : « Sortit le 49 octobre 1784. » Ce document nous a été également signalé par M. Béis.

8. Pris. d'Etat, p. 150. -

4. Préfecture de Police, reg. in-fo, coté no 43, rel. en basane, — Etat des prisonniers détenus en la maison de Bicêtre, par ordre du Roï, du 20 août 1779 au 14 mars 1787, p. 79.