Le progrès des arts dans la République : poème : précédé d'un discours sur le même sujet : suivi d'un autre poème intitulé Dieu et les Saints; de quelques vers sur les victoires de Buonaparté; des Doléances du Pape et de nouveaux Hymnes civiques
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pour cela. Léon X, simple particulier, aurait eu le même mérite ; et c’est à Jean de Médicis qu’on a cette obligation, beaucoup plus qu’à Léon dixième.
Léon X donna une bulle pour recommander la lecture des poëmes de l’Arioste ; et, certes, on ne peut pas dire que cette bulle ait servi en rien aux poëmes de PArioste ; elle est oubliée depuis long-temps, et les poëmes sont restés dans la mémoire de tous les hommes qui savent lire.
Léon X, préférant la poésie aux autres arts, a versé principalement ses bienfaits sur la poésie , et plusieurs poëtes ont été enrichis par ses largesses ; oui, mais quels étaient ces poëtes qu'il a si fort encouragés ? Je vais tâcher d’en donner une idée : un certain Quernus, espèce de bouffon semblable à ceux qui, autrefois , étaient gagés par nos rois; un certain Quernus , dis-je, qui avait été proclamé et couronné archipoëte ; favori de Léon X , se trouvait à tous les repas, et mangeait à la fenêtre les mêts qu’on lui passait de main en main : faisait-il de bons vers? on lui versait copieusement à boire le meilleur vin du pape; ses vers, étaient-ils mauvais ? on lobligeait à boire ce vin avec beaucoup d’eau. Le pape entrait même quelquefois en lice avec lui, et ils s’escrimaient poétiquement ensemble. Quernus commence un jour un impromptu par les vers suivans :
Archipoeta facit versus pro mille poelis.
1j hésite au second vers du Distique, ii le cherche sans le trouver ; et le pape ajoute aussitôt :
Pro mille aliis archipoela bibir.
D'autres poëtes n’obtiennent de lui une audience qu’en lui faisant dire qu’ils avaient des vers nouveaux à lui.