Le progrès des arts dans la République : poème : précédé d'un discours sur le même sujet : suivi d'un autre poème intitulé Dieu et les Saints; de quelques vers sur les victoires de Buonaparté; des Doléances du Pape et de nouveaux Hymnes civiques
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Je lui aï entendu dire bien des fois, lorsqu'on le félicitait sur ses ouvrages : laissez-lh mes ouvrages ; monsieur ; celui qui les a composés nest rien dans une monarchie, mais il aurait pu être quelque chose dans une république. Ces mots échappés à Mabli, et que plusieurs personnes ont recucillis, ainsi que moi, ne donnent-ils pas la clef du sanctuaire de lâme de Montesquieu, de Rousseau et de plusieurs autres de nos célèbres contemporains, oppressés du poids de la monarchie? Oh! oui, ils eussent été quelque chose dans une République ; leur génie, moins contraint, eût’à coup-sûr jetté plus d’éclat ; libre des chaînes du despote, il eût agrandi la sphère de la libefé : etre doit-on pas en conclure que, loin de favoriser Vessor du talent , les monarques, en général, ne font que Parrêter et le rétrécir ?
Aux écrivains philosophiques près, quels grands artistes a vu naître le siècle de Louis XV ? on les compte; les artistes médiocres y ont été si nombreux que je me garderai bien de les compter. Ce qu’il y a de plus fâchenx pour l'homme de génie, c'est que ces artistes médiocres Jui faisaient la loi, et étaient seuls comblés des bienfaits du monarque. Les productions stropassées de M. Piorre, les toiles peintes de Vanloo, les tableaux érotiquement maniérés de Boucher, w’étaient guère dignes assurément ni des hommages du connaisseur véritable, ni des regards, de la postérité. M. Pierre , cependant , jouissait de vingt mille livres ce rente; il était décoré du: titre pompeux de premier peinire du roi: M. Pierre avait un carosse, un palais même; et deux ou trois rivaux d’Apelle, qui existent encore, étaient logés à un cinquième étage, el trainaient à pied, dans la rue, leur fière et honorable
infortune. On ‘admire, sous le règne de Louis XV , une foule