Le rappel en France d'Antonio Maghella : mars-avril 1812

TRE

différer de les Lui faire connaître jusqu'au moment de Son rétablissement qui n'a eu lieu qu'aujourd'hui. Aussi est-ce aujourd’ hui même que je me suis empressé de faire ma demande. Mais Sa Majesté vient de me répondre qu'Elle se réservait d’y adhérer après avoir écrit à cet égard à $. M. l'Empereur et Roi à l'effet d'obtenir d’Elle la révocation de l’ordre qui me regarde, de sorte que jusqu'au moment où Sa Majesté l’ Empereur et Roi aura déclaré qu'Elle persiste dans ses premières intentions à mon égard, je me trouve dans quelque manière dans l'impossibilité de prendre un parti quelconque.

Telle est en effet Monsieur le Duc, l'alternative dans laquelle je me trouve. Je suis en outre trop franc pour dissimuler à Votre Excellence combien je suis combattu par mes sentiments particuliers qui de longtemps, et surtout depuis quatre ans environ, m'ont attaché à S. M, le roi des Deux-Siciles et m’ ont habitué à considérer son service comme celui de $. M. l'Empereur et Roi. ,,

J’etais loin de prévoir ce coup de foudre, quoique depuis longtemps je connusse les trames que mes ennemis ourdissent contre moi.

Fort de ma conscience je n'ai pas daigné faire une seule démarche pour conjurer l'orage et j'aimais à croire qu'arrivé à l'âge de 43 ans et après 15 ans de service, soit dans ma patrie, soit en France, soit à Naples, je pouvais regarder ma réputation comme solidement établie et comme supérieure à toute calomnie et par conséquent me considérer moi-même comme à l’abri d'une ruine aussi soudaine. Que peuvent en effet avancer contre moi mes ennemis ? Attaquent-ils ma vie privée ? Je suis pauvre, oui pauvre, car ma position est telle que si le roi de Naples me retire ses bontés, je me trouve, je ne rougis pas de le dire, réduit à la misère.

Attaquent-ils ma carrière politique ? Depuis que je l’ai commoncée, je n'ai pas fait un seul pas hors de la ligne de mon devoir. J'ai traversé avec honneur la Révolution de mon pays et, si ma conduite ne m'avait pas acquis l'amour, elle m'avait au moins concilié l'estime et les suffrages de tous les partis. Qu ‘on se rappelle l’époque où le sort de Gênes dut changer, on verra