Le Royaume de Monténégro : avec une carte
16 LE ROYAUME DE MONTÉNÉGRO
Sur ces entrefaites, la Révolution française avait éclaté; les
troupes républicaines avaient battu l'Autriche, annexé Venise et menacé la Russie, rendant ces pays impuissants contre la Turquie. Kara Mahoed était toujours pacha de Scutari. Croyant les circonstances propices, il résolut de porter au Monténégro un coup fatal, rallia 20.000 Janitchars autour de lui et attaqua son vieil ennemi, mais celui-ci le battit encore à plate couture, près de Martinitch, où se trouvaient les soldats de Pierre.
Une nouvelle tentative du Pacha, qui revint à la tête de 30.000 hommes d'élite, eut pour lui des suites funestes, car il fut fait prisonnier et décapité. La tête embaumée de Kara Mahoed fut longtemps conservée au couvent de Cettigné.
Le sultan Salim ne voulut pas continuer toutes ces guerres interminables et inutiles. Il se décida à faire la paix, une paix durable. Jusqu'à ce jour, les Turcs avaient considéré le Monténégro comme une région révoltée de leur territoire, mais en 1700, le Sultan reconnut formellement ce pays comme un État indépendant.
Bien que ses exploits guerriers et son habileté dans l’administration lui eussent assuré de nombreuses et fortes amitiés, Pierre comptait pourtant des ennemis parmi ses compatriotes. Le plus acharné fut Bucetich, qui parvint à persuader le tzar Alexandre Ier de Russie que Pierre n’était pas digne des hautes fonctions qu’il occupait; ce Bucetich intrigua avec tant d'adresse que le tzar ordonna le bannissement du Vladika par le synode. Mais, un an après, en 1804, ayant acquis la certitude que Bucetich était un imposteur, il se réconcilia avec Pierre. En 1806 et 1807, les Monténégrins se battirent contre la France, qui avait envoyé le général Marmont à la conquête de la Dalmatie, dont les habitants furent secondés par la Russie et le Monténégro, leurs alliés.
Le traité de Tilsitt, qui mit fin à cette campagne, stipula que la Dalmatie et, avec elle, Cattaro, seraient territoires français : force fut donc aux Monténégrins de se retirer dans leurs monts.
La guerre contre la Russie terminée, guerre qui se transforma en déroute pour Bonaparte, une flotte britannique, sous le com-