Le Royaume de Monténégro : avec une carte

MŒURS ET COUTUMES 31

La plupart des. Monténégrins ne quittent jamais leur petit village, et, s'ils le font, c’est qu'ils n’ont pu faire autrement. Le village est tout à leurs yeux.

Par la vendetta et les rixes sanglantes à la frontière, les Monténégrins se sont familiarisés avec l’idée d’une mort inattendue; pourtant, ces montagnards se montrent gais et hospitaliers, tout pauvres qu'ils soient. Il arrive que, lorsqu'un voyageur se rafraîchit dans quelque auberge, on lui dira, quand il se disposera à payer, qu’un inconnu a déjà réglé.

On rencontre quelquefois des hommes sans nez; leur ennemi, le croyant mort ou presque mort, le lui ont tranché.

Le voyageur étranger est souvent pris pour un médecin, pouvant donner d’utiles conseils et connaissant des remèdes pour tous les maux. Le Monténégrin le consultera partout, sur la route, à bord d’un vapeur, à l’auberge, etc.

À l’est du pays, on trouve des Albanais, sujets Monténégrins. Ils portent un costume spécial que souvent leurs voisins, les Monténégrins, copient. Ce sont, pour la plupart, des catholiques romains, ayant leur église à Zatriebac. Outre celle-ci, il y a deux autres églises catholiques, une à Dulcigno et l’autre à Antivari, où résident également d’assez nombreux Albanais.

L'Albanais se rase les cheveux, sauf une touffe, qu'il laisse croître pour que son ennemi puisse lui trancher plus facilement la tête. On n’est pas plus poli!

Le Monténégrin est religieux; il invoque Dieu à chaque instant (Dieu, en dialecte monténégrin se dit « Bogu »). Que Dieu vous bénisse! Que Dieu vous fasse prospérer! Comment allez-vous” Bien! Dieu soit loué!

Les jeunes hommes vouent parfois à d’autres jeunes gens de leur âge une amitié profonde. Cette amitié se scelle par des promesses réciproques, solennellement faites à l'église des moines à Cettigné, auprès des restes de saint Pierre. De ce jour, les amis se doivent, en toute circonstance, fidélité et confiance, leur vie durant. L'Association des amis se nomme Bradsdow; ses membres se secourent, s’entr'aident et se sacrifient corps et biens les uns pour les autres.

La confiance qu'ils ont entre eux est même si grande que, lors-