Le Royaume de Monténégro : avec une carte
BUDGET ET FINANCES 39
quentées par 20.000 enfants, dont les parents ne paient pas un centime de contribution scolaire! Et les frais d’études du clergé national, ainsi que son traitement, y compris celui des prêtres mahométans et catholiques! Est-ce le Trésor qui paie tout cela ? Nous n’en savons rien, rien.
Quant à la dette publique, autre mystère! Suivant les données officielles de l’année 1907, elle s'élève, au total, à 1.657.192 couronnes. Or, parmi les dépenses de cette même année, figure une somme de 727.528 couronnes destinée à l’amortissement et au paiement des arrérages. Si nous pouvions tenir ces chiffres pour vrais, le Monténégro serait entièrement libéré, à l'heure actuelle,
de sa dette nationale. Hélas! nous savons, de bonne source, que tel n’est pas le cas.
Ces documents d'État ne peuvent donc nous donner aucun renseignement; il n’y a pas de budget moins véridique. Le chiffre total accuse une recette de 3 millions à peu près. Les dépenses s'élèvent en réalité à 6 millions, peut-être davantage. On en peut donc conclure que les ressources inconnues s'élèvent à 3 millions au moins, soit 50 %.
Les familles fortunées sont peu nombreuses dans ce pays; il en est, toutefois, dont les revenus couvrent amplement les dépenses : ce qui leur reste est soigneusement mis de côté, et ces économies sont employées le plus souvent à acheter du bétail, des terres ou des maisons, mais jamais à jouer à la Bourse. Une poignée de Monténégrins, grands financiers en herbe, ont ouvert, à Cettigné, une maison de banque, dont la raison sociale n'est rien moins que « Banque du Monténégro », quoique l'État n'y soit pour rien. Ce n’est ni une banque de circulation ni une banque de premier ordre, c’est au contraire la plus petite des banques, logée dans un immeuble des plus modestes. Le directeur est également propriétaire du Grand-Hôtel.
La création de quelques caisses d'épargne a piqué notre curiosité. Renseignements pris, les fonds qui y sont déposés forment un total assez respectable.
Les ressources principales qui assurent la circulation de l'argent sont créées surtout par les dépenses des étrangers qui visttent le pays, puis par les envois de fonds faits, à leurs familles,