Le Royaume de Monténégro : avec une carte

PRINCIPALES PERSONNALITÉS 87

Cettigné. Les hôtes affluèrent et les difficultés furent grandes pour caser tout le monde, vu le peu de ressources dont on dispose là-bas. Les étrangers de marque durent s'arranger de leur mieux : les Monténégrins s’abritèrent sous des tentes. On réussit pourtant à installer convenablement les invités de sang royal, tels que le roi et la reine d'Italie, le roi de Bulgarie et d’autres encore, dans les palaïs cettignéens.

Le Roi est toujours en costume national, le revolver à la ceinture, le bonnet monténégrin sur la tête. Il naquit le 25 septembre 1841, dans une maisonnette des plus modestes à Njégus, le premier des villages qu'on parcourt après avoir franchi la frontière par la voie de Cattaro; cette maisonnette qu'on nous montre en passant a été agrandie et transformée en école élémentaire.

Le Monténégro, tel que nous le voyons aujourd’hui, est son œuvre. Sa valeur lui crée nécessairement des antagonistes, des ennemis, et les Monténégrins en exil le disent un second Néron, doublé d’un agioteur peu scrupuleux, enrichi surtout aux dépens de ses sujets.

Nous sommes d'avis que le Roi actuel a trop sacrifié de vies humaines, mais c'est à la patrie qu’il a offert ces holocaustes : ne le comparons donc pas avec Néron; il a fait ce que firent avant lui Pierre le Grand et Charlemagne qui, eux aussi, supprimaient sans hésitation celui qui prétendait entraver leurs rêves de gloire et de prospérité. Le proverbe serbe nous dit : « Vous n’aurez pas de remords si, après avoir tué dix hommes, vous n'avez pas omis de dire : je tue dans le but de bien mériter de la patrie et de mon Roi. »

Quant aux fonds que Sa Majesté se serait appropriés, nous croyons que ses ennemis sont dans l'erreur; le Prince royal à contracté un mariage riche, et la vie du Roi est modeste et peu coûteuse! Les dépenses occasionnées par les grandes fêtes de son avènement — dépenses qui ont procuré au pays une prospérité passagère, — n’ont pas été mises à la charge du Trésor public.

Nicolas Ier épousa Miléna, fille du voyvode Pierre Vukotitch, mort depuis quelques années, dans un âge avancé. Ce fut une beauté, qui se maria fort jeune, dans sa quatorzième année;