Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols

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tant, comme on le fait à Rome, la légitimité de ce Prince, un pareil titre ne suffirait point et qu'il faudrait encore que don Carlos fût possible en Espagne, ce qui n’est certainement pas. Mais il est d’autres illusions dont il faut également se préserver et c'en serait une que de croire à la possibilité d’un mariage entre le fils de don Carlos et la jeune reine Isabelle. Au surplus, le Cabinet de Madrid a reçu de M. Castillo des informations analogues à celles que l'Ambassade m'a transmises.

M: Martinez de la Rosa préparait un Mémoire en réponse aux plaintes articulées par le cardinal Lambruschini sur certaines expressions du préambule ou dé l'exposé des motits du décret relatif à la suspension de la vente des biens du Clergé séculier : et des communautés de femmes en Espagne, lesquelles expressions paraissent aux yeux du Saint-Siège reconnaître le droit de l'Etat de disposer des biens ecclésiastiques. M. Martinez de la Rosa, laissant prudemment de côté dans ce Mémoire la question de droit, pour se borner aux faits accomplis et aux nouveaux droits acquis, s'attache à démontrer la nécessité de les respecter et de les sanctionner à l'exemple de ce que le Concordat de 1801 a fait relativement. à la France. C'est à la conclusion d’un pareil Traité qu’il voudrait en arriver avec le Saint-Siège et pour y parvenir il est disposé à toutes les concessions possibles.

Dans cet esprit de conciliation, il a gardé le silence sur la nomination qu'on a faite à Rome proprio motu d'un auditeur de Rote pour l'Espagne, contrairement au droit de présentation de cette Couronne, et aussi sur ce que, par infraction à MES le titulaire n’est pas Espagnol.

M. le comte de Bresson fait à ce sujet les mêmes réflexions que celles dont je vous ai entretenu dans ma derniêre dépêche, à savoir que le Saint-Siège, en continuant à faire aussi peu d'état des bonnes dispositions du Ministère espagnol et des ménagements dus à l'Espagne, pourrait s’exposer à de fâcheux mécomptes avec des hommes moins modérés et moins bien intentionnés que M. Martinez de la Rosa. Un coup d'état pourrait être à craindre et trouverait même, dit-on, quelque faveur auprès d’une partie remuante du Clergé.