Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols

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laquelle ils se sont voués, comprennent surtout la nécessité d’une telle réconciliation. Nous les voyons de plus témoigner par leurs actes la sincérité de cette disposition, tandis qu’au contraire la réserve et les exigences du Saint-Siège semblent croître en proportion des marques de condescendance qu’ils lui donnent et des concessions qu'ils lui font. Cette manière d'agir est-elle juste et prudente de sa part? Je ne le pense pas. On croit justifier ce système de temporisation dans lequel on se retranche en alléguant la nécessité de ce qu'on appelle l’affermissement de l’ordre et le retour de la stabilité en Espagne. Mais à quoi voudra-t-on reconnaître la plénitude de ce double. et important résultat et quel terme auront de semblables délais? Il y aura sûrement encore des ferments d’agitation et des symptômes de trouble en Espagne. Les oscillations de l’ordre social ébranlé par tant de secousses survivent quelque temps encore à l’apaisement de ces grandes commotions et la tâche salutaire, à laquelle le Gouvernement actuel travaille avec courage et succés, n’est pas de celles qui s’accomplissent et s’achèvent en un jour, Le Saint-Siège verrat-il là un motif suffisant pour continuer à s'abstenir de tout rapprochement au risque de laisser se perpétuer et peut-être devenir incurables les maux qu'il est de son devoir et de son intérêt d'aider à guérir, et ne comprendra-t-il pas d’ailleurs que ce rapprochement donnerait une force de plus.à un Gouvernement dont les louables efforts ne sauraient être trop encouragés?

On ne saurait dire que l'esprit de révolution est éteint en Portugal, qu'il n’éclatera plus de complots politiques, que la paix. publique n’y sera plus troublée. Cependant la Cour de Rome a consenti à négocier avec le Gouvernement de ce Royaume. Elle a reçu de lui un plénipotentiaire; elle lui en a envoyé un. Elle a reconnu sa Souveraine et, il y a quelques mois, à peine, Monseigneur Capaccini traitait avec le Cabinet de Lisbonne en présence de l'insurrection d'Almeida. Mais en Espagne aussi, il y a un Gou* vernement régulier, et il y a de plus un Gouvernement animé, à l'égard du Saint-Siège, de-sentiments de respect et d’intentions conciliantes que le Cabinet Portugais ne lui a jamais montrés.

Pourquoi donc une telle différence dans les procédés de la