Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols

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le projet de donner le comte de Trapani (1) pour époux à la jeune Reine n’a ‘pas été accueilli ici avec faveur. Le cardinal Lambruschini s’en est expliqué vis à vis de moi assez franchement. Son Eminence trouve qu'un écolier de 16 ans, dont l’éducation est à peine finie, ignorant, comme on l'est à cet âge, des hommes .et des choses et ne sachant pas un mot d'espagnol, n'est pas précisément ce qu’il faut pour une princesse encore enfant, qui aurait besoin de trouver dans son mari autre chose qu'un compagnon de jeux. e |

Ce n'est pas que Son Eminence donne à la reconnaissance du nouveau Gouvernement espagnol par le roi de Naples la portée politique que quelques personnes, dans l’exagération de leur mécontentement, voulaient y voir. [l ne croit pas que cette démarche de Ferdinand II soit une avance faite aux libéraux italiens pour conquérir parmi eux une popularité dont il tirerait parti en certaines éventualités prévues; mais il regarde l’idée du mariage projeté comme une idée inspirée au roi de Naples plutôt par un sentiment irréfléchi d'affection de famille que par une saine politique.

Je n’ai à émettre à ce sujet aucun avis personnel. Je dois dire cependant que j'ai vu le comte de Trapani et que son aspect m'a paru peu encourageant pour le succès futur de l'alliance qu’on voudrait lui ménager. Ce jeune Prince est fort laid, petit, d'apparence chétive, sans expression d'intelligence, et lorsque je me rappelle dans quelles conditions de santé j'ai vu la reine Isabelle pendant mon séjour en Espagne, je ne puis m'empêcher de penser que, sous le rapport physique du moins, on pourrait: mieux choisir. Du reste, les Jésuites, chez qui est élevé le comte de Trapani, ne sont pour rien dans cette combinaison. J'ai même appris indirectement que le Père Général s'était montré fort contrarié de ce projet du roi Ferdinand, qu’il n’approuve pas

(1) François de Paule, Louis, Emmanuel, comte de Trapant (1827-1802), fils du roi des Deux-Siciles François I*, et de Marie-Isabelle d’Espagne, épousa en 1850 l’archiduchesse Marie-Isabelle, fille du Grand-Duc de Toscane, Léopold II.