Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols

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du Pape, avec lequel il n’avait pas encore eu l'occasion de s’expliquer sur ce point; Qu'il se réservait en conséquence, après m'avoir entendu, d’en référer à Sa Sainteté et de me faire part de sa réponse. Mais je n'en considère pas moins les paroles du Cardinal Secrétaire d'Etat comme l’exacte expression de la pensée du Souveraint Pontife qui n’a certainement pas à cet égard une autre manière de voir que son Premier Ministre. La réserve

que ma faite celui-ci me parait donc purement de forme.»

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Le Département ne tardait pas à répondre à l'Ambassadeur et, le 16 mars, il lui faisait savoir qu'il partageait entièrement sa manière de voir. Les dispositions du Saint-Siège à l'égard du Gouvernement espagnol lui avaient même paru si peu satisfaisantes qu'il en avait aussitôt fait part au comte de Bresson (1) «pour sôn information et aussi pour lui servir de règle de conduite». Dans l'intervalle, Latour-Maubourg avait de son côté adressé à Guizot une nouvelle dépêche, en date du 8 mars, uniquement destinée à le mettre au courant de la réponse faite par le SaintPère au rapport que lui avait exposé le cardinal Lambruschini.

«Le Cardinal Secrétaire d'Etat a rendu compte au Pape de la conversation que j'ai eue avec lui sur les affaires religieuses de

(1) Bresson (Charles, comte de) (1788-1847) entré dans la carrière diplomatique sous Napoléon I®, envoyé pendant le Restauration en qualité de Ministre en Colombie, prit à partir de 1830 une part considérable aux négociations relatives à la Belgique. Ministre plénipotentiaire à Berlin (1833), Ministre des Affaires Etrangères et pair de France (1834) fait comte par Louis-Philippe. Ambassadeur à Madrid (1841) il déploya une remarquable habileté au cours des délicates négociations qui abotirent à la conclusion des mariages espagnols. Envoyé en 1847 comme Ambassadeur à Naples il s'y donna la mort quelques jours aprés avoir pris possession de son poste. ;