Le serment de liberté et d'égalité en Maine-et-Loire

Et —

vous avez eu tort de ne pas accepter l'offre qu'on vous a faile ; mais aujourd'hui, il n’est plus temps : jamais vous ne reverrez votre patrie ! Ensuite, on fit la liste de ceux qui devaient être déportés, suivant le décret. » (Anjou historique. XIV, 267.)

Nous avons une troisième relalion due à la plume d’un prêtre manceau : elle est anonyme et sans date : « Le 18 septembre, à 6 heures du soir, deux membres du département se transportent au château de Nantes et ordonnent de nous assembler dans la cour pour nous communiquer des choses importantes. A peine fûmesnous tous réunis, qu'ils parurent sur une éminence et nous dirent : Messieurs, la bienfaisance de l'Assemblée vous offre encore une ressource. Elle vient de nous faire passer un décret par lequel votre pension vous sera conlinuée, si vous voulez jurer de maintenir l'égalité et la liberté, aux dépens même de votre vie. Quel triomphe pour la démocratie, si quelques-uns de nous étaient tombés dans ce piège, si un seul avait été assez lâche pour céder à la séduction, et assez insensé pour se couvrir d’opprobre par une infâme apostasie! Non, non, nous sûmes apprécier une telle proposition, et lui donner l'attention qu’elle méritait; ces Messieurs, honteux d’avoir si mal réussi, se retirèrent avec la confusion, et nous, avec un généreux désintéressement. Le 19, au matin, on vint nous prévenir que nous devions nous embarquer sous deux heures. » (Anjou historique, XII, 636.) (1)

(1) Disons un mot des deux prêtres angevins qui jurèrent à Nantes, au grand scandale de leurs confrères. — M. Houdard, vicaire à Villemoisan, fit le serment devant la municipalité de Nantes le 19 septembre; nommé curé constitutionnel de Bouguenais le 29 novembre par les électeurs du district de Nantes, il fut installé le 9 décembre, sans avoir prêté d'autre serment que celui du 14 août 1792 (infra). — M. Laurencin, cistercien, aumônier de Sainte-Catherine d'Angers, jura également le 19 septembre, mais sans vouloir adhérer à la constitution civile du clergé; aussi s’embarqua-t-il, à ses frais et