Le système continental et la Suisse 1803-1813
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On trouve ici employé pour la première fois le prétexte souvent invoqué depuis par la France pour justifier la violation de promesses récentes, la contrebande. On alléguait la ressemblance des produits manufacturés suisses avec ceux des fabriques anglaises prohibés en France et la nécessité d'éviter que ces derniers ne pussent être introduits à la frontière avec les tissus suisses. Cette tactique était d’un usage commode et devait servir abondamment dans la suite.
La soudaineté et la portée de ces mesures provoquèrent en Suisse une consternation générale. Dans tous les grands centres du pays, les commerçants et les industriels, assemblés en hâte, tinrent des délibérations anxieuses !. Partout éclatait la nécessité d'obtenir un traité de commerce et d’arracher à la France, en attendant, quelques modifications au décret de Brumaire.
L'autorité fédérale représentée par d’Affry ne s’était pas moins émue. Ce fut le Landamman qui prit en mains l’exécution du projet lancé par les directoires commerciaux de Saint-Gall et d’Aarau: une conférence de délégués des cantons industriels. Une circulaire envoyée aux gouvernements cantonaux ? résumait la situation, avec ses conséquences graves et imminentes. Elle invitait les cantons à nommer chacun deux ou trois députés qui eussent pleins pouvoirs pour traiter des affaires commerciales de la Suisse. Comme lieu de réunion, le Landamman proposait Aarau, et comme date de la conférence le 16 décembre.
Au jour fixé, le premier Congrès commercial suisse, composé de 28 délégués des Etats de Zurich, Berne, Argovie, Vaud, Glaris, Lucerne, Fribourg, Bâle, Soleure et SaintGall, s’ouvrit dans la capitale de l’Argovie, sous la présidence du Landamman Heer de Glaris ?.
1 Arch. Bâle. Cop. des Æandelscom. 23 nov. 1803. Corresp. de Bâle avec Saint-Gall et Winterthour.
2 Circulaire du 6 décembre 1803.
3 Appenzell, chose curieuse, avait fait opposition àu projet du Congrès et n’était pas représenté à Aarau.