Le système continental et la Suisse 1803-1813
chaîne de localités suisses et françaises se trouvaient enclavées les unes dans les autres, dans le voisinage de Bâle, ce qui obligea la France à modifier sa frontière douanière ; quelques communes suisses furent comprises dans la ligne des douanes impériales, alors que certaines communes françaises en étaient exclues !. La vallée de la Birsig, débouchant sur Bâle, et notamment les villages de Binningen et Bothmingen, se prêtaient particulièrement bien à lorganisation des convois de contrebande.
Lorsque les risques dans cette région se furent aggravés, la contrebande bâloise fit un premier détour vers le sud. Elle se concentra pendant un temps sur Soleure, attirant mille désagréments au gouvernement et aux commerçants de ce canton restés généralement étrangers aux agissements de leurs voisins ?. Les convois passaient par le Hauenstein sur territoire soleurois, d’où ils gagnaient ensuite la France par les défilés du Jura. La vallée étroite de la Dünnern, qui relie le canton de Soleure avec Moûtier, jouait ici un rôle essenel; Balsthal servait de dépôt général avant la frontière. Lorsque la surveillance des douaniers impériaux eut paralysé toute action sur ce point, les Bâlois poussèrent sans aucun doute encore plus au sud et utilisèrent la frontière vaudoise. Ce fait, signalé au gouvernement vaudois expliquerait pour une part la recrudescence de la fraude observée dans cette région en 18083.
Enfin, les marchandises prohibées empruntaient parfois le territoire badoïs pour pénétrer en France. Ici, le point sensible était à la hauteur des villages d’Istein et de Schlien-
1 Arch. Bâle, Kont. Syst., P 2, 1806.
? Arch. Bâle, P 1, 30 avril 1808. (L’avoyer Glutz-Blotzheim au gouvernement de Bâle.)
$ « Plusieurs maisons de commerce de Bâle se sont trouvées compromises par leur correspondance avec cet individu (un commerçant de Mulhouse)... N'ayant plus moyen de se servir de cette voie, elles se servirent probablement du canton de Vaud. »
Corresp. du P. C. Vaudois, juillet 1809. (L’intendant des péages au gouvernement vaudois, à propos de l'affaire de contrebande à Bâle en 1809.)