Le système continental et la Suisse 1803-1813
Incident de Neuchâtel.
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tout désagrément avec ce pays, devenu territoire français, le gouvernement de Fribourg redoublait de surveillance le long du lac, aux stations d’Estavayer et de Morat, et défendait la vente des marchandises britanniques sur son territoire !.
Le Petit Conseil fribourgeois avait agi en Juste prévision des événements. De la rive neuchâteloise allait surgir pour la Suisse une complication aussi menaçante qu’inattendue.
A la suite des négociations et des échanges qui avaient suivi la paix de Presbourg, la principauté avait été cédée par la Prusse à la France le 15 février 1806 ; son occupation définitive, par les troupes françaises, devait avoir lieu le 22 mars.
Ces événements avaient fait entrevoir aux commerçants suisses une brillante affaire. Il s’agissait de profiter de cette phase de transition dans la situation de Neuchâtel pour y jeter de grandes quantités de denrées prohibées, qu’on écoulerait ensuite en France, avec grand bénéfice, en escamotant les droits lorsque la ligne des douanes aurait été avancée jusqu’à la Thièle. Ce plan fut réalisé d’une manière si imprudente et si peu réfléchie qu'il était impossible que le gouvernement français l’ignorât.
Pêle mêle, les ballots de marchandises suisses et anglaises, les tissus de coton, les mousselines, les toiles de lin de fabrication allemande, les caisses de sucre et de café arrivaient en hâte à Neuchâtel. Bâle, naturellement, avait donné limpulsion au mouvement. « C'était, d’après l’expression d’un Vaudois établi dans cette ville, une véritable frénésie. On ne s’occupait que d’expédier *.»
Malgré les plaintes des Neuchâtelois, qui sentaient combien cet encombrement devenait compromettant pour eux, la
1 Arch. Fribourg, décrets du P. C. 17 et 26 mars 1806.
2 Les Bälois n’expédiaient toutefois pas tous pour leur propre compte. Une grande partie d’entre eux, ainsi qu’on le démontra plus tard, n'étaient que les commissionnaires de spéculateurs français.
Corresp. du P. C. vaudois, avril 1806, Rapport de Louis Bridel.