Le système continental et la Suisse 1803-1813
Dr LAS
ment sa prétention d’écarter les autres industries continentales. A ce moment le blocus continental n’était plus seulement un but. Il était devenu un moyen, un auxiliaire politique redoutable. « Les difficultés du blocus furent telles, dit Lanfrey, dans un passage qui s'applique remarquablement à la Suisse, qu’il dépendait absolument de Napoléon d’en faire sortir, à son gré, la paix ou la guerre. Cette situation ambiguë convenait merveilleusewent à sa politique, toujours à l’affût des opportunités et attentive à garder prise sur les autres sans en donner aucune sur lui-même. Si le blocus ne ruinait pas l'Angleterre, il offrait au moins à Napoléon un moyen de contrainte, d’intimidation et au besoin d'intervention. De là sa persévérance à l’imposer à tous les Etats sous prétexte de défendre contre l'Angleterre la cause des neutres. Si le blocus ne lui donnait pas la liberté des mers, il lui donnait toute facilité pour achever la conquête du continent 1. »
A l'égard de la Suisse, la politique napoléonienne visait méthodiquement à lui supprimer les débouchés européens après lui avoir enlevé les marchés français, et à l’isoler économiquement au milieu des Etats vassaux de la France. A partir de 1808, ce but semblait atteint; toutes les mesures avaient été prises pour enlever au commerce suisse l'Italie et l'Espagne; la plupart des matières premières nécessaires à l’industrie ne lui arrivaient qu’avec difficulté et formidablement renchéries ; les conséquences en étaient certaines.
Les cercles commerçants et industriels ne pouvaient plus se dissimuler les véritables intentions de l'Empereur; ils avaient abandonné l’espoir de reconquérir, par voie diplomatique, le terrain perdu et cherchaient à réparer par leurs propres ressources les brèches creusées par le système continental. 1 Lanfrey, 5, P- 241.
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