Le système continental et la Suisse 1803-1813
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Le système continental, déjà réalisé en pratique pour une partie de l’Europe, recevait ainsi sa sanction formelle et définitive.
$ 2. — La situation politique de 1806 à 1809.
Avec le décret de Berlin, s’ouvre une deuxième phase du système continental : celle où l'Empereur, après avoir organisé et consolidé son œuvre, attendra les résultats de sa politique.
L’Angleterre avait répondu au décret de Berlin par son ordre de Conseil du 11 novembre 18071, À son tour, Napoléon ripostait les 23 novembre et 17 décembre de la même année par les deux décrets de Milan qui aggravaient encore les rigueurs du blocus. Puis, au cours des mois suivants, il établissait son système en Allemagne, dans les Etats italiens et dans la péninsule ibérique. Il le complétait enfin par l’institution des licences qui constituaient, dans un but fiscal et protectionniste, la violation monstrueuse de sa propre politique ?.
A la suite des armées impériales, l’industrie française envahissait en même temps l’Europe, manifestant ouverte-
« Contre une puissance qui méconnaît à ce point toutes les idées de Justice et tous les sentiments humains, que peut-on faire, sinon de les oublier soimême un instant pour la contraindre à ne plus les violer. »
Corresp. 20 nov. 1806.
! Cette mesure obligeait tous les navires à destination de la France à se soumettre à la visite dans un port anglais et à payer une taxe fixe.
? Les licences très dispendieuses autorisaient les commerçants à importer une certaine quantité de denrées coloniales prohibées à condition de réexporter des produits de l’industrie française pour la même valeur. Comme le montre fort bien Clément, le poids de cette combinaison retombait malgré tout sur le consommateur français. Les marchandises françaises étant prohibées en Angleterre, les bâtiments munis de licences avaient deux alternatives : payer la prime de contrebande pour introduire leur chargement dans le Royaume-Uni ou jeter leur cargaison à la mer ; le commerçant dépouillé dans tous les cas de la valeur des marchandises qu’il exportait, rehaussait en conséquence le prix du sucre et du café qu’il revendait en France.
Clément, p. 106.