Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 137
LA TERREUR 129
naire, Forlis s’indigne, et la plaint profondément de se confier ainsi à des gens tels que Nomophage, Plaude et Duricrâne; à quoi M de Versac répond :
Mais ils sont, croyez moi, patriotes.....
FORLIS. Madame,
Descendons franchement, vous et moi, dans notre âme: Patriotes! Ce titre et saint et respecté
À force de vertu veut être mérité.
Patriotes! Eh quoi! Ces poltrons intrépides,
Du fond d’un cabinet préchant les homicides! Ces Solons nés d'hier, enfants réformateurs, Qui rédigeant en lois leurs décrets destructeurs, Pour se le partager, voulaient mettre à la gêne Cet immense pays rétréci comme Athènes.
Ah! ne contondez pas le cœur si différent
Du libre citoyen de l’esclave tyran,
L'un n'est point patriote et vise à le paraitre : L'autre tout bonnement se contente de l'être.
Cependant, Duricrâne et Nomophage rêvent de se venger de Forlis, leur ennemi, dont la vertu les of fusque, et, dans ce but, ils lui attribuent faussement l'organisation d'un complot contre-révolutionnaire.
La découverte qu'ils font d’une liste de pauvres gens auxquels Forlis distribue des secours, leur permet d'appuyer leur accusation d'embauchage et de contre-révolution. Mais Filto, leur complice, n’est pas sans éprouver quelques scrupules ; tout en admirant Nomophage, il plaint l’honnête Forlis et s'elfraie par instants de la pente sur laquelle il est entrainé :
Ces deux enragés-là, Nomophage surtout,
Ont fait un intrigant de moi, contre mon goût, J'étais né pour la vie honnête et sédentaire.
C’est le plus grand des maux qu'être sans caractère.