Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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son pays. (On applaudit.) Je demande que le Comité de salut public prenne des mesures pour qu’on ne joue que des pièces républicaines. »

La censure révolutionnaire, ainsi consacrée, donne lieu aux plus étranges, aux plus bizarres résultats.

C’est alors que de zélés patriotes, s'improvisant en comité de censeurs, corrigèrent et modifièrent, suivant les idées régnantes, les pièces du répertoire du Théâtre-Français.

Ainsi, don Fernand, roi de Castille, devint, sous ces transformations impitoyables, un général en chef républicain, au service de l'Espagne.

Un ordre du Comité de salut public enjoignit aux comédiens de substituer, à à la qualification de père noble, celle de père sérieux.

Enfin, un grand nombre de pièces furent frappées d interdit. Par contre, en exécution du décret du 2 août, un document, trouvé aux Archives nationales, fixe les programmes des spectacles gratuits donnés de par et pour le peuple, pendant le mois d’août 1793.

On y voit figurer, pour le théâtre de la Nation, Brutus (de Voltaire), Guillaume Tell (de Lemière), Les Victimes cloîtrées (de Monvel), Crispin Médecin.

Sur le théâtre de la République, on jouait, par ordre : Virginie (de la Harpe), Fénelon (de M. J. Chénier), Brutus, la Mort de César (de Voltaire). Cette même tragédie de Brutus fut représentée simultanément sur neuf théâtres, par ordre.

IV

Au moment où était rendu le décret de la Convention qui précède, et environ six mois après la repré-