Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 183

dramatiques propres à entretenir les principes d'égalité et de liberté! Il sera donné, une fois par semaine, une de ces représentations aux frais de la République. « Tout théâtre qui représentera des pièces contraires à l'esprit de la Révolution, sera fermé, et les directeurs seront arrêtés et punis selon la rigueur des lois. »

Ce décret fut voté séance tenante, avec cette modification à l’article 2 : « Tout théâtre sur lequel seraient représentées des pièces tendant à dépraver l’esprit public et à réveiller la honteuse superstition de la royauté, sera fermé, etc.

« La municipalité de Paris est chargée de l’exécucution du présent décret. »

Les conseils municipaux des autres communes furent investis de la même mission et des mêmes pouvoirs.

Au cours de la discussion précédant ce décret, le conventionnel Lejeune s'était exprimé ainsi :

— « Vous venez de décréter de grandes mesures, mais elles ne sont pas suffisantes ; il faut qu'il soit établi des forges dans les places publiques, et que, devant les yeux du peuple, on fabrique les instruments de sa vengeance. Il faut que tous les plaisirs cessent, et que tous les spectacles soient fermés dès cet instant. »

Mais, combattant cette motion, tendant à la fermeture immédiate des théâtres, de son côté, Delacroix (d'Eure-et-Loir) fit la réplique suivante :

— « Je rends justice aux intentions du préopinant ; mais il a proposé une mauvaise mesure; c’est par les spectacles qu’il faut échauffer l'esprit du peuple. Il n’est personne, qui, en sortant d’une représentation de Brutus, ou de la Mort de César, ne soit disposé à poignarder le scélérat qui tenterait d’asservir