Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

186 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

« Paméla ou la vertu réeompensée, est une imitation de Paméla nubile, de Goldoni. Milord Bonfil, passionnément amoureux de sa servante Paméla, après avoir vainement tenté de la séduire, veut, pour s’en distraire, tantôt la mettre au service de sa sœur, tantôt la renvoyer à ses parents. Enfin, malgré les reproches de sa sœur et de lord Arthur, son ami, il s’est décidé à l’épouser lui-même, lorsque le bonhomme Andrews, père de Paméla, tombe à ses pieds, lui déclare qu’il est le comte d’Auspingh, un des chefs montagnards écossais dont la tête est proscrite. Milord Bonfil est presque fâché de ne pouvoir faire à Paméla le sacrifice des préjugés, en lui donnant sa main. Cependant il se trouve que le père de lord Arthur avait obtenu la grâce du comte d’Auspingh. Cette circonstance met le comble au bonheur de milord et de Paméla, dont le mariage se trouve très bien assorti. »

Le journaliste se livre ensuite à une étude comparative de Paméla avec la Nanine de Voltaire, dont celui-ci, ainsi que Goldoni, avait puisé le sujet dans le roman anglais de Paméla par Richardson.

« Tous les rôles, ajoute-t-il, dans la pièce nouvelle, sont bien faits et bien soutenus, à l'exception peutêtre de celui de milady Laure, dans léquel on ne trouve point ces développements d’orgueil de qualité qui plaisent tant dans le roman anglais et dans la pièce italienne, et qui font un contraste si piquant avec la candeur et la modestie de Paméla! »

En terminant : « On reconnaît, pour le fond des scènes, la manières si naturelle et si vraie de l’auteur du Bourru bienfaisant; et dire que cette même pièce est écrite par François de Neufchâteau, c’est dire, pour ceux qui connaissent les ouvrages de ce poète, qu'elle est du style le plus pur et le plus élégant. Elle a eu beaucoup de succès. »