Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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214 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Le théâtre représente l'intérieur d'une île à moitié volcanisée. Dans la profondeur, en arrière-scène, une - montagne jette des flammèches de temps à autre, pendant toute l'action jusqu’à la fin. Sur un des côtés de l’avant-scène, quelques arbres ômbragent'une cabane abritée par-un rocher sur lequel cette inscription est tracée avec du charbon :

Il vaut mieux avoir pour voisin Un volcan qu’un roi. Liberté. . . . . . Egalité,

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Un riche Français, représenté par Monvel, a été déporté dans cette île par ordre royal. Il y vit depuis viñgt ans, enseignant aux sauvages à se passer de soüverains et de prêtres.

“a pièce commence par le débarquement d’un sansculotte français (1), escorté de quinze sans-culottes

(1). Cette dénomination de sans-culotte, si usitée alors et qu'on retrouve dans toutes les pièces dites patriotiques, nous est ainsi expliquée par un écrivain du temps, le journaliste Mercier, celui qui se qualifiait, lui-même, de premier Livcrier de France, dans le Tableau de Paris :

« On ignore communément l’origine du mot sans-eulotte, la voici ; le poète Gilbert, peut-être le plus excellent versificateur depuis Boileau, était pauvre; il avait tancé quelques philosophes dans une de ses satres; un auteur, qui voulait leur faire sa cour pour être de l'Académie, imagina une petite pièce satirique intitulée : Le Sans-Culotte; il y raillait Gilbert, et les riches adoptérent volontiers cette dénomination contre tous les auteurs qui n'étaient pas élégamment vêtus. Lors de la Révolution, ils se souvinrent du terme, le ressuscitèrent, et l’'employèrent comme un dard invincible, contre tous ceux dont les écrits et les discours tendaient à une grande et prompte réforme. Ils crurent que e’était une excellente plaisanterie, et qu'on en rirait, ainsi qu'on l'avait fait 1l y a vingt ans; mais les politiques sont plus invulnérables: que les poètes; ils prirent de bonne humeur le titre qu'on leur avait donné. » =

Paï suite, les pièces soï-disant patriotiques, furent dési-

E gnées sous le titre de Sans-Culottides. Cette même dénomiE nâtion était appliquée aux jours supplémentaires n’appartenant à aucun mois du calendrier républheain.