Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 213

époque (1). Le succès bruyant et prolongé qui l’accueillit cependant, nous impose l'obligation d’en donner ici une analyse, d'où se dégagera le diapasonexact des passions révolutionnaires, agitant les masses populaires, à ce point culminant de la Terreur.

L'auteur s’adressa, en ces termes, aux spectateurs de la première représentation :

« Citoyens, rappelez-vous donc comment, au temps passé, sur tous les théâtres on avilissait, on dégradait, on ridiculisait indignement les classes les plus respectables du peuplé souverain, pour faire rire les rois et leurs valets de cour. J'ai pensé qu’il était bien temps de leur rendre la pareille, et de nous en amuser à notre tour. Assez de fois ces Messieurs ont eules rieurs de leur côté; j'ai pensé que c’était le moment de les livrer à la risée publique, et de parodier ainsi un vers heureux de la comédie du Méchant :

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Les rois sont ici bas pour nos menus plaisirs, GRESSET (2).

« Voilà le motif des endroits un peu chargés du Jugement dernier des Rois. »

(1) Pierre Sylvain Maréchal était l’auteur de l’Almanach des honnêtes gens, paru en 1788, du fameux Dictionnaire des Athées, d’un opéra : la Fête de la Raison et d'un poème philosophique : Dieu et les Prêtres, d'hymnes, stances et discours en l'honneur de la Raison.

— La Fête de la Raison, musique de Grétry, fut jouée à l'Opéra le 6 nivôse an II (25 décembre 1793). !

(2) Cléon : Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs.

(Le Méchant, acte IT, scène 1"°.),

— Le Jugement dernier des rois, prophétie en un acte, en prose, par Sylvain Maréchal, jouée sur le théâtre de la République au mois de vendémiaire et jours suivants.

Tandem !...

A Paris, de l'imprimerie de C.-F. Patris, imprimeur de la commune, rue du Faubourg Saint-Jacques, aux ci-devant Dames Sainte-Marie. — L'an second de la République française, une et indivisible. S