Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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216 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

: ments accomplis en Europe. Le patriote français, seul,

n’amène pas son tyran avec lui, et par cette bonne raison, dit-il : « c'est que nous l'avons guillotiné ». Le vieux déporté s’étonne qu’on n'ait pas employé le même procédé à l'égard des autres.

LE VIEILLARD.

Mais dites-moi donc, je vous prie, pourquoi vous êtes-vous donné la peine d'amener tous ces rois jusqu'ici ? Il eût été plus expédient (sic) de les pendre tous, à la même heure, sous Le portique de leurs palais. LE SANS-CULOTTE FRANÇAIS.

Non, non! leur supplice eût été trop doux et aurait fini trop tôt: Il n’eût pas rempli le but qu’on se proposait. — Il à paru plus convenable d'offrir à l'Europe le spectacle de ses tyrans détenus dans une ménagerie et se dévorant les uns les autres, ne pouvant plus assouvir leur rage sur les braves sansculottes qu’ils osaient appeler leurs sujets ; il est bon de leur donner le loisir de se reprocher réciproquement leurs forfaits et de se punir de leurs propres mains. Tel est le jugement solennel et en dernier ressort prononcé contre eux à l'unanimité.

— À ce moment, on voit débarquer plusieurs familles de sauvages, avec lesquels fraternisent les sans-culottes ; on s’embrasse.

LE VIEILLARD,

Braves sans-culottes ! Ces sauvages sont nos aînés en liberté, car ils n’ont jamais eu de rois. Nés libres, ils vivent et meurent comme ils sont nés.

— On fait alors défiler devant le vieillard tous ces souverains, avec leurs costumes et leurs ornements distinctifs.