Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR AT

En première ligne paraît le pape, la tiare en tête, le roi d'Espagne, afflublé d’un long nez, puis le gros Stanislas, roi de Pologne; le roi d'Angleterre, le roi de Prusse, le roi de Naples, l’empereur, le roi de Sardaigne, enfin l’ampératrice de Russie, Catherine II, élégamment appelée la Catau du Nord et Mr l’'Enjambée, parce que, « elle doit monter sur la scène en faisant de grandes enjambées ».

Le pape était représenté par Dugazon, Catherine II par l'acteur Michot; Baptiste jeune représentait le roi d'Espagne, Raymond l’empereur et Grandménil le roi de Pologne.

Naturellement, les sans-culottes se donnent la satisfaction de leur lancer un flot d’injures, d’outrages et de déclamations antiroyalistes ; parmi ces longues tirades, bornons-nous aux suivantes :

« Monstres couronnés ! vous auriez dû, sur des échafauds, mourir tous de mille morts : mais où se seraient trouvés des bourreaux qui eussent consenti à souiller leurs mains dans votre sang vil et corrompu ? Nous vous livrons à vos remords, ou plutôt à votre rage impuissante, etc. »

« Les voilà ces bouchers d’hommes en temps de guerre ! Ces corrupteurs de l'espèce humaine en temps de paix ! C’est du sein des cours de ces êtres immondes que s’exhalait dans la ville, et sur les campagnes, la contagion de tous les vices; exista-t.il Jamais une nation ayant en même temps un roi et des mœurs |! »

LE PAPE.

Il n’y avait pas de mœurs à Rome! Les cardinaux n’ont pas de mœurs! . . . . .

— Cependant, à la suite de cette belle déclaration, les monarques, qui meurent de faim, ne tardent pas

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