Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
TASER SU RUE OST RER SLT OT NT
j
220 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
plosion se fait; le feu assiège les rois de toutes parts, et tls tombent consumés dans les entrailles de lu terre entr'ouverte..….
« À ce moment, dit une feuille du temps, le parterre et la salle paraissent être composés d’une légion de tyrannicides prêts à s’élancer sur l’espèce honnie connue sous le nom de rois. »
Dans leur ouvrage, Etienne et Martinville frémissent d'horreur en analysant le Jugement dernier des rois.
Nous estimons que cette monstrueuse folie ne saurait inspirer qu’un sentiment de dégoût et en même temps d’étonnement, qu’il ait pu se trouver des artistes pour interpréter cette œuvre immonde, et un public pour l’applaudir et l’acclamer.
En tous cas, c’est, peut-être, la manifestation la plus répugnante, sur la scène, des énormités révolutionnaires, du sans-culottisme à l'époque de la Terreur (1).
Au cours des cinq derniers mois del’année 1793 et au commencement de 1794, en conformité du décret de la Convention, du 2 août 1793, que nous avons pré-
(1) Au théâtre Louvois, deux mois auparavant, le 15 août, à
une représentation de par et pour le peuple, on donnait la Journée du Vatican ou le Souper du pape. Dans cette prèce, paraïissaient : le chef de l'Eglise en état d’ébriété, chantant des gaudrioles, un archevêque bègue et grotesque, et des cardinaux débauchés. L'abbé Maury était représenté parmi ces personnages. L'auteur de cette comédie burlesque en trois actes, s'était dissimulé sous le pseudonyme du chevalier Andréa Giennaro Anavacchi.
La Gazette nationale du 3 septembre, analysant la pièce, résume ainsi son opinion : « … Maïs enfin La pièce fait rire, elle « jette à pleines mains le ridicule sur les ennemis de læ Révo« lution,; il nous a paru que c’est l'unique but de l’auteur ».
Le succès de Sylvain Maréchal inspira au citoyen Desbarreaux une pitoyable imitation du Jugement dernier des rois. Cette nouvelle pièce prophétique et révolutionnaire avait pour titre emphatique : Les Potentats foudroyés par la Montagne et la Raison ou la Déportation des rois de l'Europe.