Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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240 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

thermidorienne, si nous jetons un coup d’œil rétrospectif sur cette période fiévreuse et sanglante de la Terreur, qui comprend l’année 1793 et une partie de 1794, nous y trouvons matière à plus d’une observation bien digne de fixer notre attention.

Certains documents, récemment découverts, donnent à cette époque tourmentée, et peut-être imparfaitement appréciée et jugée, une physionomie nouvelle, inconnue même sous plus d’un rapport.

« Depuis le 21 janvier 1793, jour de l’exécution du roi, jusqu’à la fin de juillet 1794 », dit Barras, dans la partie publiée de ses Mémoires, « dix-huit mois s'étaient écoulés, et, dans cet espace de temps, presque tous les jours avaient été marqués par des exécutions. »

Toutefois, l’année 1794 constitue, incontestablement, l'apogée de la Terreur; c’est le moment le plus effroyable, celui des plus nombreuses hécatombes ; la guillotine abat quatre-vingt-cinq têtes en un seul jour, et Saint-Just trouve qu’elle va trop lentement ; il rêve d’en installer quatre fonctionnant à la fois.

Quatre-vingt-treize n’était, en quelque sorte, qu’un début. Il est vrai, toutefois, qu’on y voit tomber les têtes les plus hautes, les plus illustres : la Convention envoie à la mort la famille royale, les Girondins et bien d’autres célèbres et regrettables victimes.

Le théâtre de ces scènes tragiques, c’est l’ancienne place Louis XV, devenue place de la Révolution, et où la statue équestre de ce roi se trouvait, alors, remplacée par une monstrueuse statue en plâtre bronzé de Lemot, représentant la liberté, coiffée d’un bonnet phrygien (1).

(1) Cette statue colossale ne fut dressée, sur le piédestal mutilé de la statue de Louis XV, qu'après l'exécution du roi, et maugurée à la fête de l'Unité, le 10 août 1793.