Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

256 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

par son ascendant sans limite sur Tallien, elle l’amena à la tribune de la Convention, l’excitant à précipiter la chute de Robespierre et à faire éclater la Révolution thermidorienne.

Dans une lettre qu’elle adressait à une de ses amies à Bordeaux, la citoyenne Nairac, à la date du 18 août 1794, vingt-deux jours après ce revirement politique, se trouve le post-scriptum suivant :

« La sérénité est sur tous les visages. Vive, vive à jamais la République! Périssent les factions, les intrigants! Voilà le vœu d’une de leurs victimes. »

Elle devint alors l'héroïne de cette période mémorable, l’âme de la Réaction thermidorienne.

Dans ses Mémoires, Marmont en parle avec un sincère enthousiasme, et trace de cette aimable femme le portrait suivant :

« Tout ce que l'imagination, dit-il, peut concevoir fera à peine approcher de la réalité.

« Jeune, belle à la manière antique, mise avec un goût admirable, elle avait tout à la fois de la grâce, de la dignité, un charme irrésistible, et séduisait encore par son extrême bienveillance et sa bonté. »

Tous les récits du temps s'accordent pour célébrer son caractère serviable et généreux, justifiant ainsi l’appréciation de Marmont.

A Bordeaux, alors qu’elle modérait les fureurs jacobines de Tallien, le proconsul exalté, on lui avait décerné le titre de « Notre-Dame de Bon-Secours », et de « Déesse du pardon ». À Paris, après le 9 Thermidor, et en reconnaissance de ses bienfaits, on la sacra du nom de la Vierge, mêlé à la désignation d’un mois du calendrier républicain.

C’est sous l’appellation de « Notre-Dame de Thermidor » que l’histoire a conservé son souvenir.

La place importante qu’elle prit et occupa brillam-

s#