Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 257

ment dans cette nouvelle société en transformation, son influerce sur les mœurs, sur les modes mêmes de cette époque avec laquelle elle semble s'être complétement identifiée, nous font presque une obligation de compléter le portrait de cette personnalité si populaire par quelques nouveaux traits caractéristiques, empruntés aux écrits contemporains.

M*° Tallien se plaisait au milieu des foules, des agitations, des triomphes de tous genres. C’est surtout par ses toilettes, copiées sur les modes de l’antiquité grecque les plus recherchées, qu’elle brillait dans toutes les réunions : c'était le paganisme évoqué avec tout son charme et sa poésie, sous la forme la plus séduisante.

Son apparition, dans une fête, était saluée comme celle d’une déesse de la fable, d'une divinité de la mythologie.

Sa robe, ou plutôt sa tunique de mousseline des Indes, était attachée sur l'épaule par deux camées, et une ceinture d’or serrait sa taille. Un large bracelet fixait les manches bien au-dessus de ses coudes; ses cheveux, d’un noir éclatant, étaient portés, courts et frisés, au-dessus de la tête; c'était la coiffure à la Titus. Sur ses épaules de marbre, serpentait un long cachemire rouge, qu’elle drapait, autour d’elle, d’un façon toujours gracieuse et pittoresque.

Elle était l’idole de cette partie élégante de la société formée par les Merveilleux et les Incroyables.

Alors qu’elle se promenait, avec le costume des hétaires, au Palais-Royal, au milieu de cette population raffinée et dissolue, qui puisait ses inspirations dans des souvenirs et des imitations de l’art grecoromain, on la comparait à ces deux courtisanes de l'antiquité si célèbres par leur beauté et leur luxe élégant : Laïs et Phryné, dans les jardins de l’Académie... L'attrait et le charme qui se dégageaient de