Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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264 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

de l’autre, car le théâtre Feydeau était placé au cœur du Paris brillant et animé.

L'ardente réaction, qui avait éclaté dans les centres politiques, se manifestait aussi, par un contrecoup naturel, sur tous les théâtres. Ils devinrent, par suite, le miroir fidèle, le reflet exact de cette brusque et violente commotion qui remuait la société de fond en comble.

Le grand courant entraînant.les masses dans un sens tout opposé au précédent se révélait, surtout, sur les théâtres où s'étaient produits les excès révolutionnaires les plus accentués.

Au théâtre de la République, où nous avons vu, dans la période de la Terreur, des œuvres excessives et empreintes d’un sans-culottisme exalté, plusieurs incidents significatifs révélèrent, avec éclat, cerevirement complet d'opinion, à l'égard, non seulement, des œuvres dramatiques, mais encore de leurs interprètes, accusés de jacobinisme.

Ainsi, l’auteur de la Belle Fermière, cette pastorale jouée avec tant de succès pendant toute la Terreur, la jolie et spirituelle Candeille, fit représenter sur le théâtre de la République une pièce qualifiée sujet oriental, en cinq actes et en vers de ‘sa composition, sous cetitre : la Bayadère, où elle jouait elle-même le rôle de l'héroïne de la pièce. Mais le public se rappela que M'° Candeiïlle, plutôt cependant par réquisition que par entraînement personnel, avait figuré dans les fêtes populaires, comme déesse dela Raison ou de la Nature. Elle avait été vue, disait-on, portée processionnellement dans les rues sur les brancards des sans-culottes. Il n’en fallut pas davantage pour soulever une réprobation passionnée et bruyante sous le poids de laquelle la pièce tomba à plat (1).

(1) Mie Candeiïlle n’accepta pas l’accusation accréditée contre elle. Par une Réponse à un article de biographie, qu'elle