Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

CF JS

296 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

m'ont offert ces pièces sublimes et touchantes que vous dicta le génie du sentiment. »

Quintus Fabius a livré bataille sans les ordres de Papirius. Il a vaincu l’ennemi, mais en désobéissant. Il doit donc mourir. Cependant le peuple lui ayant fait grâce, il reconnaît cette générosité en s’écriant :

Oui, de la discipline ami toujours fidèle,

De respect pour nos chefs je veux être un modèle, De ma soumission ils seront satisfaits,

Recevez ce serment que devant vous je fais,

O peuple généreux, à qui je dois la vie,

Et vous mon père, et toi, ma chère Valérie!

La tragédie de M.-J. Chénier, Timoléon, interdite et même brûlée, par ordre, pendant la Terreur, reparut un an après le 9 Thermidor, grâce à la précaution prise par M* Vestris, de conserver un double du manuscrit, qu’elle put soustraire aux flammes.

Chénier fit précéder sa pièce d’une ode contre Robespierre et le tribunal révolutionnaire, où se trouvent ces deux strophes :

O de nos jours de sang quel opprobre éternel! C’est Catilina qui dénonce! Vergonte et Lentulus dictent l'arrêt mortel. Tullius est le criminel, Cethegus est juge et prononce. Renais chez les mortels, aimable égalité, Viens briser le glaive anarchique! Revenez, douces lois, justice, humanité! Sans les mœurs point de liberté! Sans vertu point de République!

Cette tragédie fut imprimée et publiée par Chénier en 1795 (1).

(1) Timoléon, tragédie en 3 actes, avec des chœurs, par M.-J. Chénier, musique de Méhul, précédée d'une ode sur