Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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le Festin de Pierre, mis en vers par lui, et sur le Menteur, la première des comédies qui aient illustré la scène française ».

Cette décision, transmise par Molé, délégué à cet effet, à l’héritière du nom de Corneille, provoqua de Sa part ses remerciements et l’expression de sa reConnaissance dans une lettre adressée aux artistes et administrateurs du théâtre Feydeau. Elle y déclarait « devoir son éducation à Voltaire, dont elle était la filleule ».

Parmi les pièces jouées au théâtre Louvois, on peut signaler Laurence, tragédie en cinq actes, de LeSouvé, qui eut un grand succès. Le sujet était emprunté à une anecdote bien connue sur Ninon de Lenclos. Elle avait inspiré une si violente passion à un jeune homme que, pour lui rendre la raison, elle fut forcée de lui avouer qu'elle était sa mère. Désespéré à cet aveu, celui-ci alla se tuer dans le jardin.

Talma qui, depuis une année, n'avait pas eu occasion de se produire d’une façon. brillante, crut avoir trouvé le rôle antique convenant à sa nature et à son talent dans Junius ou le Proscrit, par Monvel fils, dont la première représentation eut lieu le 14 germinal an V (3 avril 1797). En représentant Junius, le grand tragique fut si terrible qu’au moment où il levait le poignard sur sa fille, un cri d’effroi partit de la salle entière ; mais, incorrectement écrite, chargée de tirades fastidieuses, la pièce, malgré le talent déployé par Talma, n'eut aucun succès (1).

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(1) Quelques jours avant la représentation de cette tragédie, le bruit s'était répandu que Chénier en était l'auteur. Plusieurs personnes avaient alors hautement annoncé leur projet d'aller Siffier la pièce par hostilité contre les idées du député. Pour empêcher l'exécution de cette menace, on avait pris soin d'écrire, à la main, sur les affiches : « Le publie est prévenu que la tragèdie de Junius n'est pas de Chénier. »

(Histoire du Théâtre-Français. Etienne et Martainville.)