Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 309

Des désordres de tous genres se produisaient, du reste, à ce théâtre, car, en janvier 1797, à une reprise du Mariage de Figaro, une association de voleurs, envahissant la salle, détroussa les spectateurs, au milieu de cris et d’un affreux tumulte, sans que l’autorité intervint efficacement.

Au théâtre de la République, l'étoile artistique était Me Petit-Vanhove, qui obtenait des succès brillants et répétés. A la première représentation du Mari Jaloux, de Desforges, elle avait été acclamée avec enthousiasme, par la salle entière. Il en fût de même le 5 nivôse, dans la Jeunesse de Richelieu, par Alex. Duval et Monvel, deux acteurs delatroupe; elle y reçut encore une véritable ovation. Le rôle de Me Michelin fut interprété par elle avec une explosion de sensibilité qui fit naître une profonde émotion (1).

Les comédiens du théâtre Feydeau avaient été avisés par leur camarade Molé qu’il existait, à Paris, une descendante du grand Corneille se trouvant dans l’infortune et le besoin.

L'administration du théâtre prit alors, à la date du 28 nivôse an V, une délibération par laquelle « les artistes du Théâtre-Français et l'administration, jaloux d'offrir à la mémoire de Corneille le tribut respectueux de leur admiration et de leur reconnaissance, ont arrêté qu'ils font revivre, au profit de la descendante de Corneille, les droits d’auteur sur

plus d'un mois de elôture, malgré les protestations, contre ce acte rigoureux, de plusieurs auteurs, artistes et représentants du peuple.

— Le décret du 4 janvier, relatif aux airs patriotiques, ne fut pas exécuté pendant plus de 6 mois, car On lisait dans le Journal de Paris à la date du 17 juillet:

« On ne chante plus, sur nos théâtres, de chansons par ordre. »

(1) Cette pièce était tirée de: La Vie privée du maréchal de Richelieu, contenant ses amours et ses intrigues. Paris, Buisson, 1791.