Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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386 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

J.-J. Rousseau, avait été créé en 1775 par M'e Raucourt et Larive, tous deux élèves de la célèbre Clairon, celle à laquelle Voltaire dédiait une de ses tragédies en ces termes :

« Les vraies passions sont faites pour la scène, et « personne n’a été ni plus digne que vous de les ins« pirer, ni plus capable de bien les peindre. »

C'est d’elle aussi que Sophie Arnould disait, dans une de ses lettres, du 30 juillet 1779, la qualifiant d'actrice sublime : «elle n’eut point de modèle et fut « inimitable. »

Ces deux artistes y avaient obtenu, l’un et l’autre un très vif succès, de jeu passionné par Larive, et de beauté par Raucourt, beauté que son léger costume faisait merveilleusement ressortir.

« Il est impossible, écrivait La Harpe, d'imaginer « une perspective plus séduisante que cette actrice «en attitude sur son piédestal, au moment où l’on à « tiré le voile qui la couvrait.

« Sa tête était celle de Vénus, et sa jambe, à moitié « découverte, celle de Diane, mais ses mouvements, « à l'instant où elle parut s’animer, n’ont été ni faciles, « ni gracieux; tout était forcé, comme son jeu l’est « toujours. Un Grec lui aurait conseillé de sacrifier « aux Grâces, le bon goût devait aussi lui conseiller « de ne pas jouer la statue en panier : un panier n’est « pas antique. »

— ME Raucourt (Françoise-Marie-Antoinette Saucerotte), née en 1756, débuta à la Comédie-Francaise en 1773, dans le rôle de Didon, avec un succès inoui dans les annales dramatiques. On peut en avoir une idée en parcourant les Mémoires secrets, où, à cette date, il est constamment parlé d’elle, de son éclatante beauté et de la perfection de son jeu.