Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

APPENDICE 417

Ce 10 janvier.

« Mon ami, on m'invite fort à aller à Caen; je voudrais savoir de toi si on est tranquille de ce côté; je ne voudrais point hasarder ce voyage sans avoir la certitude d’en tirer quelque profit. Je voudrais te voir à ce sujet, mais je ne sais quand je puis te trouver chez toi.

« Bonjour. « TALMA. »

« Je voudrais te voir aujourd’hui s’il était possible, voulant aller faire un tour à Brunoi demain pour voir de mes yeux ce qui s’y passe. »

(Monsieur Romain, rue Verte).

Paris, ce 1°° mars 1820.

« Mon cher ami, je t’'envoye un coupon de ton élévation de ma chambre à coucher, afin que tu m'indiques les couleurs dont il en faudra peindre les différentes parties.

« L'assassinat du duc de Berri nousa jetés ici dans une grande consternation, mais dans ce triste événement il est heureux du moins que ce soit un crime absolument isolé. Le duc est mort véritablement avec une force d’âme tout à fait héroïque, tout ce qu’on en a dit est vrai, j'en ai eu les détails par une personne présente; il aimait les arts et faisait beaucoup de bien; comme homme il est sincèrement à regretter. Ce Louvelaune impassibilité vraiment inconcevable, rien ne l’émeut, rien ne l’étonne, rien ne l’effraye; il est d'une tranquillité qui confond. Si dans un tel fanatique on peut appeler cela de la force d'âme, il est bien malheureux qu’un pareil crime en ait été le fruit. Nous vivons, mon cher ami, dans des temps bien dé-