Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

A20 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

me suis proposé. J'attends sa réponse pour savoir ce que je dois faire, partir pour Paris ou me rendre à Caen. Dans le dernier cas, j'y serais lundi soir, car je joue ici jusqu’à dimanche 23.

« Adieu, mon ami, écrivez-moi, si vous avez quelque chose de nouveau sur cet objet.

« Tout à vous, « TaLMA. »

— Il fut donné satisfaction, par le directeur, à un désir si vivement manifesté, et les représentations eurent lieu, au milieu d’un enthousiasme continu sur le théâtre de Caen. Mais on sera frappé, assurément, du souci de Talma au sujet dela majoration du prix des places et de l’indignation qu’il en exprime.

Que de réflexions ce scrupule si essentiellement, si exclusivement artistique, fera naître dans nos esprits, à une distance de moins de soixante-dix ans!

Ce n’est pas, toutefois, la seule transformation qu'on puisse signaler dans les mœurs et les usages de cette ancienne institution, gardienne jalouse, cependant, de ses traditions.

Ces excursions répétées des sociétaires, s’'égrenant aux quatre coins de la France, que nous avons signalées comme une entrave à la régularité du service, si elles n’ont pas complétement disparu, sont, au moins, devenues bien plus rares. Actuellement, c’est sous le patronage régulateur d’une administration sagement prévoyante que se produit l’émigration de cette incomparable phalange; que se répandent les enseignements féconds de l’art dramatique sous sa manifestation la plus élevée, dans les grands centres départementaux, et même au delà de la Manche, chez nos voisins de cette Albion qui n'a rien de perfide pour les sympathiques Comédiens-Français.