Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives
16 LES COMPLOTS MILITAIRES
condamnés à mort, Travot etGruyer furentcommués; Vaudoncourt s’était réfugié en Belgique; mais Chartran fut fusillé à Lille, le22 mai, et Mouton-Duvernet le fut à Lyon, le 29 juillet.
A ces condamnations capitales, s’ajoutèrent le bannissement pour Vandamme, Lamarque, Grouchy, et bien d'autres ; l'emprisonnement, et surtout la mise en réforme qui jeta hors des rangs plusieurs milliers d'officiers, et sema partout l’irritation et la haine. C'était une politique désastreuse. « L'armée avait été coupable, dit Marmont ; mais toute l’armée avait participé à la faute. On voulut faire des catégories, établir mille nuances entre ceux qui avaient servi plus ou moins Napoléon, et on ne vit pas les conséquences injustes, funestes et absurdes qui devaient en résulter. » (Mémoires, t. var.)
Et le chancelier Pasquier écrit de son côté : « Je crois pouvoir affirmer que ces exemples, si persévéramment exigés par les royalistes, loin de produire l’effet sur lequel ils comptaient,ont provoqué chez un grand nombre de militaires des désirs de vengeance dont on trouvera la trace dans une quantité de complots, assez peu redoutables sans doute, quelquefois même fort méprisables, mais qui n’en ont pas moins, pendant plusieurs années, fatigué le gouvernement royal (1). »
(1) Mémoires, t. 1v, 1814-1820.