Les états généraux en France
886 LES ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE.
que de faire brûler vif un homme. » L’éternel honneur de V'Hospital sera d’avoir, quelques années plus tard, devancé l'esprit de son temps; et, s'inspirant, lui chancelier de France, de la tolérance de l'Église, d’avoir étendu à l'amende et à la prison la protestation du pape contre les bûchers. L'Hospital sut résister aux entraînements de ceux qui voulaient alors qu’on cherchât dans la loi pénale une garantie pour l’accomplissement de certains devoirs religieux, l'assistance au service divin, par exemple. Le grand chancelier, dit à ce propos M. Desjardins, dans son Histoire des États Généraux, « comprit que le législateur, en prescrivant certaines pratiques religieuses, empiétait sur le domaine de la conscience individuelle, et admit avec un rare discernement une distinction qu'approuvent aujourd’hui des publicistes sérieux, et que la législation contemporaine consacre encore. » — Telle fut surtout, on peut le dire, la grande et salutaire influence que, grâce à Michel de l’Hospital, exercèrent sur l'avenir les États d'Orléans.
Lorsque s'ouvrent, seize ans plus tard (1576), sous Henri IE, d'odieuse mémoire, les États de Blois, la nation semble se réveiller. C'est l’époque où nait la Ligue. Quelque opinion qu'on ait sur celleci, on ne peut nier qu'au moment où elle débute, et avant que le sentiment de l’indépendance nationale s’affaisse sous l'influence de passions auxquelles la religion sert de prétexte, mais qu’elle n’inspire jamais, un souffle de liberté ne règne. Dans le pays, un pamphlétaire, découvrant le secret de l'avenir, signale dès lors le refus de l'impôt, comme le meilleur moyen légal de vaincre les résistances de la royauté. Dans les États, il n’est pas encore question de ce qu'on a appelé depuis « le doublement du tiers ; » mais les députés du troisième ordre cherchent pour eux des garanties, en proposant que deux des ordres n'aient qu’une voix dans les questions où ils auraient un intérêt commun. À Blois, les États ne se bornent pas à insister sur un vœu souvent exprimé déjà, sur celui de la périodicité de leurs sessions ; les trois ordres sont d’accord pour demander que «les ordonnances faites avec l'avis des États soient inviolables et irrévocables autrement que par autre assemblée d'États Généraux.» Cela obtenu, la fréquence, ou plutôt la périodicité des sessions, s’ensuivait forcément; et le problème, qui consistait à associer la nation à son gouvernement, était résolu. Chose remarquable aussi, et qui fait à notre clergé national un honneur que tout le monde ne lui rend pas, c'est que c’est lui qui, dès cette époque, demande que le concile de Trente, réformateur d'abus ecclésiastiques, particuliérement de la simonie, soit reçu en France comme loi qui l'oblige, lui clergé. C’est au Parlement, aux universités, et aussi à l’ordre de la noblesse, que la royauté, par égard pour des préjugés qui,