Les états généraux en France

LES ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE. 885

d'Orléans exercent-ils, à leur tour, une sérieuse influence d'avenir; et celle-ci résulte à la fois d’un grand fait, la marche rapide du tiers état dans ce seizième siècle, « le plus hardi et le plus étrange de notre ère moderne, » et du concours d’un grand homme, Michel de l'Hospital. Quant aux résultats immédiats, on ne saurait les préciser. En dépit des efforts de l'honnête chancelier, tout échoue, et cet insuccès devrait suffire pour prouver aux admirateurs du pouvoir absolu que ce régime n’est point parfait, puisque, sous lui, les meilleures intentions sont stériles, et les plus grands ministres impuissants.

Toujours est-il qu’en ce qui regarde la contrainte en matière religieuse, l'Hospital posa les grands principes de liberté qui devaient triompher plus tard. Suivant lui, c'est dans la conscience, non dans la loi pénale, que la plupart des lois de Dieu ont leur sanction: c’est seulement dans la vie future, non dans celle-ci, qu’il y aura et qu’il doit y avoir des récompenses pour tout mérite et des peines pour tout délit.

A vouloir juger d’un siècle avec les passions, les préjugés, ou seulement avec les idées d’un autre, on s'expose à fausser l’histoire et aussi à commettre une injustice. De nos jours, ce n’est point la religion qui opprime la conscience humaine; nous imposât-elle des dogmes qui élonnent notre raison ou irritent notre indépendance, la religion, pour se faire obéir, n’appelle à son aide aucun pouvoir humain ; l'appui du bras séculier lui fait absolument défaut, et nous ne sommes pas de ceux qui se plaignent de cet abandon. C’est l’incroyance qui, de nos jours, se montre universellement intolérante ; c’est elle qui opprime et persécute les consciences dans ce qu’elles ont de plus délicat et de plus sacré; et c’est pourquoi l’un des plus grands soucis des pouvoirs publics doit être de protéger partout, de nos jours, non pas l’orthodoxie religieuse, mais la liberté de ceux qui croient contre l’intolérance de ceux qui, ne croyant pas, ne veulent pas que les autres pratiquent. Au temps de François I”, il n’en était pas tout à fait de même. Tout le monde alors, el les Parlements, en particulier, n'avaient pas pour les hérétiques la tendresse de certains papes. Mais, les Parlements ayant souvent taquiné l’Église, voilà longtemps qu’on leur a pardonné, à eux, d’avoir fait brüler vifs les hérétiques en place de Grève. En revanche, ce sont les prêtres et les pontifes qu'on s'obstine à accuser de ce méfait. On ignore ou on oublie que, vers le milieu du seizième siècle, le pape Paul IH, par exemple, écrivant au roi de France, et invoquant fort à propos son titre de roi très-chrétien, lui rappelait que « le Dieu créateur, estant en ce monde, avait plus usé de miséricorde que de rigoureuse justice, … et que c'était une cruelle mort