Les fêtes et les chants de la révolution française

FÊTES FUNÈBRES, —— TRIOMPHE DE VOLTAIRE. 67

leurs, est Composé des premiers virtuoses de l'Europe et des premiers talents de la capitale. En voilà sans doute assez pour mériter à M. Gossec la couronne que, dorénavant, on doit décerner à tous les hommes de génie, et pour lui obtenir une part dans les récompenses que l'Assemblée nationale vient de mettre en réserve pour les artistes distingués. Nous citons avec plaisir ce dernier trait, parce qu'il honore cette Assemblée, et que cette distinction accordée aux arts au milieu des orages et des troubles politiques prouvera aux mécontents et aux étrangers que notre Révolution n’est point une Révolution d'Hergules et de Vandales. »

Quelques jours plus tard, le même journal écrivait encore : |

« La musique de la garde nationale mérite d'être distinguée par l'influence qu’elle a eue dans la Révolution. Ce serait vouloir se refuser à l'évidence que de contester cette influence; et ce serait connaître bien peu les effets de cet art tout-puissant que de croire mal employé l'argent destiné à en favoriser les ‘progrès. Si l’on en doutait, nous citerions le témoignage imposant de M. de La Fayette, qui a souvent répété qu'il devait plus encore à la musique de la garde nationale qu'aux baïonnettes. Cette musique, en effet, a eu part à toutes les cérémonies publiques, et, pour ainsi dire, à tous les actes de la Révolution. M. Gossec peut en être appelé le musicien, et M. Sarrette l’a secondé avec un zèle audessus de tous éloges. Il y a, d’ailleurs, maintenant, parmi les instruments à vent de cette musique des artistes d’un talent supérieur, et il serait peu digne d'une grande nation, ingénieuse et sensible, de laisser porter chez l'étranger des jouissances dont la liberté ne doit pas l'empêcher de sentir le prix et ne lui ôterait pas le regret, »