Les fêtes et les chants de la révolution française

66 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

mière fête fut exaucé : ce fut en français que l’on chanta ces nouvelles actions de grâce. Le chœur choisi pour la circonstance fut celui que Gossec avait composé sur les vers de Voltaire et qu'on avait entendu pour la première fois à la fête de ce dernier : « Peuple, éveille-toi! » avec son rythme énergique et fier sur lequel les voix répètent avec tant d'enthousiasme le mot chéri « Liberté! » Les exécutants étaient plus nombreux encore que dans les fêtes précédentes, car les musiciens de la chapelle des Tuileries avaient été envoyés par le roi pour se joindre au personnel musical habituel. Même l’aristocrate Journal de Paris, ayant voulu faire croire que l'Opéra et la Chapelle avaient seuls pris part à la solennité, fut obligé de se rectifier et de mentionner le concours de la musique de la garde nationale, « formée de soixante-dix-huit musiciens, presque tous d’un talent reconnu, et qui sont dirigés par M. Gossec ». Pour ce dernier, son nouvel hymne lui valut un véritable triomphe. « Les grenadiers, transportés par ce chant mâle et fier, jetant leurs armes, l’ont saisi et porté en triomphe aux yeux de tous les citoyens qui partageaient le même enthousiasme. » L'on en avait fait autant pour La Fayette l'année précédente. Mais la popularité de Gossec fut plus durable...

VII

Au reste, ce succès ne fut pas seulement personnel au compositeur : il s’'étendit à la jeune institution dont il était l'âme. La Chronique de Paris, le plus ouvert aux questions d'art parmi les journaux du temps, ajoutait :

« Le corps de musique de la garde nationale Jui doit beaucoup; son exécution est belle et incomparable dans le genre des instruments à vent. Ce corps, d’ail-